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L’équilibre entre le Savoir-Être et le Savoir-Faire : clés de la motivation et de la posture entrepreneurial via une analyse de données originale sur les ressorts de l’entreprenariat et les impacts sur les structures accompagnant ces créateurs d’entreprises.

Auteurs :
Xavier Delaunay – Pepinium - https://www.pepinium.fr

Benoit Riou – Stat & More - https://statandmore.com

Date : 25 Octobre 2023

Résumé :

L’entrepreneuriat est un voyage passionnant, mais parsemé de défis complexes. Cette étude explore les relations entre le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire” chez les potentiels créateurs d’entreprise pour mieux comprendre les éléments qui sous-tendent la motivation et le développement des compétences entrepreneuriales.
À travers une Analyse en Composantes Principales (ACP), une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH), et une analyse Bayésienne, nous révélons l’importance cruciale du “Savoir-Être” dans la motivation et le succès entrepreneurial. Les cinq groupes de répondants identifiés par la CAH mettent en évidence la diversité des profils parmi les potentiels créateurs d’entreprise, tandis que le réseau causal de l’analyse bayésienne révèle des relations complexes entre les compétences de “Savoir-Être” et de “Savoir-Faire”. Ceux-ci soulignent l’impact du comportement sur la motivation et les compétences entrepreneuriales, renforçant la nécessité d’une approche globale dans l’accompagnement entrepreneurial.
Cette étude offre des perspectives cruciales pour les professionnels de l’accompagnement entrepreneurial, les éducateurs et les décideurs, mettant en avant l’importance de cultiver à la fois le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire” pour favoriser la réussite entrepreneuriale.

Mots-Clés :

Entrepreneurship, Savoir-Être, Savoir-Faire, Motivation, Compétences Entrepreneuriales, Accompagnement Entrepreneurial, Analyse en Composantes Principales, Classification Ascendante Hiérarchique, Analyse Bayésienne, Réseau Causal

Idées forces :

Dans le monde de l’entrepreneuriat, la clé du succès réside dans l’équilibre entre le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire”. Cette étude démontre que, avant de “Savoir-Faire”, il est essentiel de “Savoir-Être”. Les compétences comportementales et identitaires jouent un rôle prépondérant dans la motivation et le développement des compétences entrepreneuriales. En explorant les relations complexes entre ces dimensions, nous offrons des perspectives que nous considérons comme fondamentales pour les professionnels de l’accompagnement entrepreneurial, les éducateurs et les décideurs, mettant en évidence la nécessité d’une approche globale pour soutenir la réussite entrepreneuriale.

Introduction :

L’univers de l’entrepreneuriat est un terrain fertile pour l’innovation et la croissance économique. Cependant, le chemin vers le succès entrepreneurial est parsemé de défis et d’incertitudes. Pour mieux comprendre les éléments qui sous-tendent la motivation et le développement des compétences entrepreneuriales, il est essentiel d’explorer les relations complexes entre le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire” parmi les potentiels créateurs d’entreprise. Cette étude vise à avoir une meilleure compréhension des facteurs qui influencent la décision de se lancer dans un projet entrepreneurial et de réussir dans ce domaine.

Le succès entrepreneurial ne peut être réduit à un simple ensemble de compétences techniques. Au-delà des compétences, il est de plus en plus reconnu que les compétences comportementales, identitaires et relationnelles jouent un rôle essentiel. Les entrepreneurs doivent être motivés, dotés de compétences en leadership, et capables de gérer efficacement les ressources humaines, parmi d’autres compétences. Cependant, la relation entre ces compétences et leur impact sur la motivation et la réussite entrepreneuriale demeure complexe et relativement peu explorée.

Cette étude adopte une approche globale en utilisant diverses méthodes d’analyse, incluant une Analyse en Composantes Principales (ACP), une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH), et une analyse Bayésienne, pour explorer ces relations. Les résultats de l’ACP mettent en lumière l’importance du “Savoir-Être” dans la motivation entrepreneuriale. La CAH identifie cinq profils distincts parmi les potentiels créateurs d’entreprise ayant testés le Bilan de Compétences et Aptitudes à Entreprendre (BCAE) créé par Xavier Delaunay de la société Pépinium. Chacun de ces groupes présente des forces et des faiblesses spécifiques en termes de compétences et de motivation. L’analyse Bayésienne, quant à elle, révèle des relations causales complexes entre les compétences de “Savoir-Être” et de “Savoir-Faire”, soulignant l’impact du comportement sur la motivation et les compétences entrepreneuriales.

L’ensemble de ces résultats offre des informations précieuses pour les professionnels de l’accompagnement entrepreneurial, les éducateurs et les décideurs, en soulignant la nécessité de prendre en compte à la fois la dimension comportementale et technique dans la formation et le soutien aux entrepreneurs en devenir. Ils mettent également en évidence la diversité des profils parmi les potentiels créateurs d’entreprise, offrant ainsi des pistes pour la personnalisation des programmes d’accompagnement.

En somme, cette étude contribue à notre compréhension des facteurs qui sous-tendent la motivation et le développement des compétences entrepreneuriales. Elle met en avant l’importance de cultiver à la fois le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire” pour favoriser la réussite dans l’entrepreneuriat.

En explorant ces relations complexes, nous espérons fournir des perspectives pour soutenir la prochaine génération d’entrepreneurs dans leur quête de succès.

1. Méthodes et résultats

Pour mieux comprendre les relations entre le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire” chez les potentiels créateurs d’entreprise, notre étude a enchainé trois analyses statistiques : l’Analyse en Composantes Principales (ACP), la Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) et l’analyse Bayésienne.

Dans le cadre de notre étude, nous avons traité un échantillon de 1029 potentiels créateurs d’entreprise, tous passé au travers du questionnaire SESF (“Savoir-Être” et “Savoir-Faire”) créé par Xavier Delaunay de chez Pépinium dans le cadre d’un Bilan de Compétences et Aptitudes à Entreprendre (BCAE). Hors questions socio-démographique, ce questionnaire comprend 22 questions dont plusieurs questions couvrant différentes dimensions autour du “Savoir-Être”, du “Savoir-Faire” et de la « motivation » des porteurs de projets.

Le questionnaire contient plusieurs batteries d’items couvrant les différentes dimensions suivantes :

Motivations (8 items)

Savoir-Faire :

Gestion du Business (6 items)

Savoir-Être :

Vendre (8 items)

Gestion de soi (6 items)

Pilotage du Chiffre d’Affaires (6 items)

Intuition, Vision (6 items)

Gestion des Comptes (7 items)

Leadership (5 items)

Expérience de Manager (1 item)

Gestion des Ressources Humaines (7 items)

Tableau 1 : Liste des dimensions couvertes par le questionnaire SESF avec le nombre d'items évalués par dimension

Les dimensions "savoir-être" sont mesurées sur une échelle de 1 = Je n'y arrive vraiment pas (blocage) à 8 = C'est mon excellence, je l'entretiens assidûment.
L'expérience de Manager est mesurée sur une échelle binaire 1=oui / 2=non.
Les dimensions "savoir-faire" sont mesurées sur une échelle de 1 = J'ignore le sujet à 8 = Expert, apte à faire progresser la technique.
Les dimensions "motivation" sont mesurées sur une échelle de 1 = J'ai horreur (ou je fais un vrai blocage) à 8 = C'est vraiment un désir très profond pour me réaliser.

Les dimensions sont synthétisées sous forme d’agrégats. Pour chaque répondant, nous avons utilisé ici la moyenne des évaluations pour chaque dimension. Ces données synthétiques, pour chaque répondant ont été utilisées dans la suite de nos analyses.

1.1 La première analyse que nous avons effectuée sur ce jeu de données est une Analyse en composante Principale (ACP). L’ACP est une technique statistique puissante qui permet de réduire la dimensionnalité des données tout en préservant l’essentiel de leur variance, c’est-à-dire l’essentiel de l’information contenu dans les données sources. Dans le cas présent, l’ACP nous permet en plus d’expurger le bruit intrinsèque à ce jeu de données. Dans l’univers des sciences sociales, les données contiennent très couramment du bruit pouvant nuire aux analyses.

ACP - Axe 1-2
ACP - Axe 1-3
SF = Savoir-Faire / SE = Savoir-Être / MO = Motivation

Cette première étape a montré de façon flagrante, une forte multi colinéarité entre différents items au sein de chacune des dimensions étudiées. L’analyse révèle également une relative indépendance entre les dimensions “Savoir-Être” et “Savoir-Faire”.

Ainsi, sur les 3 première composantes principales, restituant 79% de l'information originale contenue dans les données, nous pouvons noter les points suivants : 1. Les différentes dimensions de "Savoir-Faire" sont fortement corrélées entre elles, excepté la "Gestion des Ressources Humaines", et sont indépendantes des dimensions de "Savoir-Être".
2. La "Gestion des Ressources Humaines" est indépendante des autres compétences de "Savoir-Faire" mais aussi des compétences de "Savoir-Être".
3. Les différentes dimensions de "Savoir-Être" sont fortement corrélées entre elles ainsi qu'avec la motivation, mais sont indépendantes des dimensions de "Savoir-Faire".


1.2 La seconde analyse, la Classification Ascendante Hiérarchique (CAH), est dans le registre du partitionnement. Le partitionnement de données est une méthode de l’univers de l’analyse des données. Elle vise à diviser un ensemble de données en différents groupes d’individus très homogènes, tout en maximisant la variance entre les groupes identifiés. Les individus de chaque sous-ensemble partagent des caractéristiques communes. Ces regroupements utilisent le plus souvent un critère de distance entre individus : similarité ou dissimilarité. Nous avons ici utilisé le critère de Ward sur une distance euclidienne au carré.

Pour obtenir un bon partitionnement, il convient à la fois de :

1. Minimiser l'inertie INTRA-classe pour obtenir des groupes les plus homogènes possibles ;
2. Maximiser l'inertie INTER-classe afin d'obtenir des sous-ensembles bien différenciés.


La CAH réalisée sur les 3 premières composantes principales de l’ACP du point 1.1 a permis de regrouper les répondants en groupes distincts en fonction de leurs profils de compétences. Ces résultats mettent en lumière cinq groupes, chacun se caractérisant par des profils spécifiques :

CAH - Inertia
CAH - Drendrogramme
Figure 2 : Classification Ascendante Hiérarchique

Variable Libellé Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4 Groupe 5
MO Motivations 5.3 5.8 5.6 6.2 5.0
SE02 Gestion de soi 6.0 6.2 6.1 6.5 5.9
SE03 Intuition Vision 6.0 6.2 6.2 6.6 5.9
SE04 Leadership 6.1 6.6 6.3 6.7 6.1
SF02 Business 2.3 4.2 3.1 5.9 1.5
SF03 Vendre 3.2 4.9 4.1 6.4 2.1
SF04 Piloter le CA 2.6 4.2 3.2 6.3 1.5
SF05 Gérer les Comptes 2.9 4.1 3.1 5.1 1.7
SF06 Gestion Ressources Humaines (1=oui, 2=non) 1.6 1.2 1.0 1.2 1.4
SF07 Gérer les RH 5.4 5.1 2.6 5.8 3.0
Tableau 2 : Scores moyens par variable et par groupe sur une échelle de 1 à 8
sauf Gestion ressources humaines
En couleur, les items caractérisant de façon plus ou moins significative le groupe
Rouge = forces | Noir = scores moyens/médians non significatif dans la classe | Bleu = faiblesses


1. Les Pro-RH motivés à développer = Groupe 1 (20.7%) : Ce groupe est principalement caractérisé par un fort leadership, une intuition/vision, une capacité en gestion des ressources humaines, et une motivation. Cependant, ils ont besoin de travailler sur tous les autres aspects du "Savoir-Faire" : Business, Piloter le CA, Gérer les comptes et Vendre.

2. Savoir-Faire à développer = Groupe 2 (25.6%) : Les membres de ce groupe se démarquent par leurs "Savoir-Être", avec une motivation significative. Cependant leur niveau de "Savoir-Faire" est un peu moyen. Leur niveau actuel laisse de la place pour de potentiels gains de compétences. Moyennant des formations et/ou un accompagnement ciblé, ces répondants sont de sérieux candidats à l'entreprenariat.

3. Les managers en vigilance = Groupe 3 (15.3%) : Ce groupe se distingue principalement par son manque de compétences en gestion des ressources humaines bien que tous les individus constituant ce groupe aient tous vécus une expérience de gestion de ressources humaines. Les autres items n'ont pas d'influence significative sur ce groupe. En effet, ces répondants sont moyens, voire en déficit de compétences sur l'ensemble des dimensions mesurées. Ces individus nécessitent quasiment un accompagnement complet. Ils manquent de compétences en "Savoir-Faire" et leur "Savoir-Être" est également en retrait vs les autres groupes.

4. Les potentiels autonomes = Groupe 4 (13.8%) : Les répondants de ce groupe se distinguent par un "Savoir-Être" très développés ET de solides "Savoir-Faire" sur toutes les dimensions mesurées. Ils sont également les plus motivés de tous, ce qui suggère qu'ils sont prêts à se lancer dans un projet entrepreneurial.

5. Les Savoir-Etre motivés à risque sans compétences RH = Groupe 5 (24.7%) : Ce groupe partage des caractéristiques similaires avec le Groupe 1, telles qu'un fort leadership, une intuition/vision, et une motivation élevée avec en plus une bonne capacité à se gérer. Cependant, ils ont besoin de travailler sur toutes les compétences du "Savoir-Faire", et en particulier la gestion des ressources humaines qu'il conviendra de bien accompagner en fonction du projet entrepreneurial du porteur de projet.

A partir de cette classification, nous avons créé un modèle prédictif permettant de reclasser dans un des cinq groupes identifiés dans notre analyse, les futurs participants au programme BCAE via le questionnaire SESF. A partir d’un sous-ensemble des données de l’enquête SESF, notre modèle affecte les candidats à l’entreprenariat dans un des cinq groupes précédents, avec un taux de réaffectation correcte de 89%. Connaitre l’appartenance à un de nos 5 groupes est une information importante et à forte valeur ajoutée pour aider les acteurs de l’accompagnement entrepreneurial dans leur mission.

1.3 La 3ème et dernière analyse est une analyse Bayésienne.

L’inférence bayésienne est une méthode d’analyse statistique par laquelle on calcule les probabilités de diverses causes hypothétiques à partir de l’observation d’événements connus. Elle s’appuie principalement sur le théorème de Bayes.

Le théorème de Bayes énonce des probabilités conditionnelles de plusieurs évènements. Dans sa formulation de 1763, le théorème était énoncé comme suit :

P(A|B) = P(B|A) * P(A) P(B)

sous réserve que P(B) ≠ 0, et où :

  • A et B sont deux évènements,
  • P(A) et P(B) sont la probabilité des deux évènements,
  • P(A ∣ B) est la probabilité conditionnelle que l’évènement A se réalise étant donné que l’évènement B s’est réalisé,
  • P(B ∣ A) est la probabilité conditionnelle que l’évènement B se réalise étant donné que l’évènement A s’est réalisé.
Source : Wikipedia Théorème de Bayes

L’analyse Bayésienne appliquée à notre jeu de données construit un réseau causal qui offre des informations importantes sur les relations entre nos différentes dimensions.

L’analyse bayésienne dévoile un réseau causal complexe, mettant en évidence un “Savoir-Être” impactant la motivation, et indirectement le “Savoir-Faire”.

La Gestion de Soi est, semble-t-il, une dimension importante, la source des compétences pour impacter les autres dimensions du “Savoir-Être”, et indirectement impacter la motivation et la Gestion des comptes dans l’univers des “Savoir-Faire”.

Dans le même ordre d’idée la Gestion du Business est une compétence fondamentale qui impacte toutes les autres compétences de la dimension “Savoir-Faire”.

Ces relations soulignent l’impact du comportement sur la motivation et sur les compétences entrepreneuriales.

Bayesian Network
Figure 3 : Réseau Causale


Dans le détail :

1. Les items de "Savoir-Être" semblent relativement indépendants des items de "Savoir-Faire".
2. "Savoir-Être" : La gestion de soi impacte directement l'intuition/vision, le leadership, et en ce qui concerne le "Savoir-Faire", la gestion des comptes.
3. "Savoir-Faire" : La dimension business impacte directement les items "Vendre", "Piloter le CA", et la gestion des comptes, qui par ricochet impacte également la gestion des ressources humaines.
4. La motivation est impactée par le leadership, et à son tour, la motivation impacte la dimension "Vendre".
5. L'item "Leadership" impacte également la gestion des ressources humaines.
6. La dimension des ressources humaines n'impacte aucune autre dimension. Cette dimension RH est par contre impactée par la gestion des comptes et le leadership.


Les relations entre les différentes dimmensions étudiées sont ténues. Mais quand elles existent, elles sont toujours orientées des “savoir-être” vers les “savoir-faire” ou des “savoir-être” vers la “motivation”, ou bien encore de la “motivation” vers les “savoir-faire”.
Il est remarquable de noter qu’aucune relation existent des “savoir-faire” vers les “savoir-être” ou la “motivation”.


2. Discussion

L’analyse des résultats de l’ACP, de la CAH et de l’analyse Bayésienne renforce notre compréhension de l’importance de l’équilibre entre le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire” chez les potentiels créateurs d’entreprise. Le réseau Bayésien met en évidence un “Savoir-Être” essentiel, car il influence directement la motivation, le leadership, et l’intuition/vision, qui sont des facteurs cruciaux pour le succès entrepreneurial.

Le lien entre le “Savoir-Être” et la dimension “business” du “Savoir-Faire” souligne l’importance de développer un ensemble complet de compétences entrepreneuriales. Les relations causales entre le leadership, la motivation, la gestion des ressources humaines, et la gestion des comptes mettent en évidence la complexité des facteurs qui influencent la décision de se lancer dans un projet entrepreneurial.

Les résultats de nos analyses confirment l’importance du “Savoir-Être” et de son impact direct sur la motivation des individus à entreprendre. Cette observation rejoint les travaux antérieurs de différents spécialistes tels que Fayolle, Schmitt, Verzat, ou Toutain, qui ont mis en évidence l’impact des compétences dites “souples” (les “soft skills”") sur l’efficacité entrepreneuriale. Il est clair que la dimension comportementale et identitaire joue un rôle crucial dans la décision de se lancer dans un projet entrepreneurial.

Les groupes identifiés par la CAH soulignent la diversité des profils parmi les potentiels créateurs d’entreprise. Le Groupe 4, équilibré en termes de “Savoir-Être” et de “Savoir-Faire”, représente un modèle idéal pour l’entrepreneuriat. Il serait bénéfique d’approfondir l’analyse sur ce groupe pour comprendre en détail les caractéristiques qui le distinguent des autres groupes. Leur profil socio-démographique, leur parcours de vie professionnel sont-ils typiques de ce groupe spécifiquement ?

L’analyse bayésienne révèle quant à elle que le “Savoir-Être” agit comme un moteur. Ce moteur impacte directement la motivation, le leadership, et l’intuition/vision via la Gestion de soi. Cela renforce la nécessité d’une approche globale (ou intégrale) pour soutenir la réussite entrepreneuriale.

Pour aller plus loin dans cette analyse, il serait intéressant de collecter des données longitudinales. Ces données complémentaires nous permettraient de suivre les répondants au questionnaire SESF dans le temps, et de comprendre comment toutes les dimensions étudiées impactent les chances de succès de la vie d’un projet entrepreneurial. Il serait en particulier intéressant de pouvoir suivre dans le temps :

1. Les éventuels formations suivi par le porteur de projet en amont d'une création d'entreprise,
2. Si le porteur de projet a effectivement mené son projet de création d'entreprise au bout, et si oui :
Si l'entreprise créée se porte bien à 1, 3, 5 et 10 ans,
Les difficultés rencontrées par le créateur d'entreprise sur les dimensions mesurées dans le questionnaire SESF dans la 1ère année de vie de l'entreprise, puis dans les 3 et les 5 ans\.
Les éventuelles formations suivies pendant les 1, 3 et 5 première années d'existence de l'entreprise créée\.


Conclusion :

En conclusion, cette synthèse de nos analyses souligne qu’avant de “Savoir-Faire” il est essentiel de “Savoir-Être”.

Les résultats de cette étude mettent en évidence l’importance cruciale du “Savoir-Être” et son impacte sur la motivation et le développement des compétences entrepreneuriales chez les potentiels créateurs d’entreprise. Les analyses menées ici, l’Analyse en Composantes Principales (ACP), la Classification Ascendante Hiérarchique (CAH), et l’analyse Bayésienne, convergent pour révéler des compétences comportementales et identitaires essentielles dans la décision de se lancer dans un projet entrepreneurial.

Le réseau causal issu de l’analyse Bayésienne souligne que le “Savoir-Être” agit comme un moteur, impactant directement la motivation, le leadership, et l’intuition/vision, qui sont des facteurs clés pour le succès entrepreneurial. De plus, il est clair que le “Savoir-Faire” en matière de gestion d’entreprise est inextricablement lié aux compétences de “Savoir-Être”. Les compétences entrepreneuriales ne peuvent pas être simplement réduites à un ensemble de compétences techniques, mais doivent inclure des aspects comportementaux et relationnels.

L’analyse des cinq groupes de répondants identifiés par la CAH révèle la diversité des profils parmi les potentiels créateurs d’entreprise. Le Groupe 4, caractérisé par un équilibre entre le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire”, avec de solides compétences ainsi qu’une forte motivation, se démarque comme un modèle idéal pour l’entrepreneuriat. Une étude plus approfondie de ce groupe pourrait offrir des informations précieuses pour concevoir des programmes d’accompagnement plus ciblés.

En définitive, il ressort de cette étude que pour initier un projet entrepreneurial, il est essentiel de cultiver à la fois le “Savoir-Être” et le “Savoir-Faire”. Le développement de compétences comportementales et identitaires doit être intégré dans les programmes d’accompagnement entrepreneurial pour favoriser la motivation et la réussite des créateurs d’entreprise. Cette approche globale reconnaît qu’avant de “Savoir-Faire”, il faut “Savoir-Être”.

Ces résultats ont des implications significatives pour les professionnels de l’accompagnement entrepreneurial, les éducateurs et les décideurs, en soulignant la nécessité de prendre en compte à la fois la dimension comportementale ET technique dans la formation et le soutien aux futurs entrepreneurs.

Enfin, le modèle prédictif identifié à partir du questionnaire SESF permet aux acteurs de l’accompagnement entrepreneurial d’actionner les bons leviers pour que chaque porteur de projet se positionne dans une posture favorable à la création de leur entreprise. Ni cette étude, ni ce modèle prédictif ne peuvent cependant présupposer des chances de succès de l’entrepreneur en devenir dans son projet, ni dans le devenir de l’entreprise ainsi créée.




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